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Pierre André a combattu avec le 32e régiment d'artillerie sur le front belge. Le 27 décembre 1915, il est tué par l'obus qu'il était chargé de déminer. Il avait vingt ans. Son journal de guerre débute le 30 novembre 1915 dans l’abri de l’observatoire de la côte 18 bis, près de Nieuport Bains.

    Le 1er décembre 1915 (mercredi). Le soir, à 8 heures, je pars avec un camarade dans la nuit noire pour aller réparer la ligne souterraine 18 bis P.L. coupée par un obus. […] C’est dans le 3e entonnoir que je découvre la coupure, sous le grillage qui la couvrait. Je répare à la lueur d’une lampe électrique. […]

 

    Le samedi 4 décembre 1915. Plus que 639 jours C’est aujourd’hui la Sainte Barbe, fête des artilleurs. Aussi ne tire-t-on pas beaucoup, et les boches non plus. Ce soir, grand dîner. […]

 

    Le dimanche 5 décembre 1915. Plus que 634 jours. Temps gris assez d’activité et pourtant ce n’est rien. Les boches tirent çà et là, comme des gourdes. Pour les calmer, nous arrosons quelque peu leurs tranchées. Je vais à 18 bis après le déjeuner. Toujours la même chose. Je vois de ma porte la mer à droite, des avions en l’air, des batteries qui tirent à ma gauche, devant moi une cuvette entourée de crêtes de dunes : un horizon très vaste, derrière ces dunes, où pointent le clocher d’Oostduinkerke et celui de Furnes. De temps en temps, la chanson d’une marmite qui vient sur nos batteries, une vilaine fumée brune, puis des éclats qui pleuvent sur le sable et s’enterrent : toc, toc, toc. Le soir vient ; il fait de plus en plus froid. Je barricade ma porte et j’écris. […]

    Je suis revenu hier soir de ma première permission de 6 jours pour Paris. On voit bien que Paris est endeuillé, mais que ce deuil ne l’accable pas. Ces 6 jours se sont écoulés dans l’enchantement, comme un beau rêve. Tout cela est passé, et, après un voyage de retour désagréable par sa lenteur, me voici de nouveau dans la vie guerrière. A mon retour pas de grands changements. Les routes sont couvertes de boue, il fait froid comme partout. Le 3e régiment de zouaves est venu remplacer les fusiliers marins. Avant-hier, 9 Aviatiks sont venus par la mer jeter 22 bombes sur la Panne et aux environs. Il y a eu un assez grand nombre de victimes. […]

Découvrez son carnet de croquis

Journal de guerre de Pierre André, artilleur volontaire

Le lieutenant François Thomas et tous les autres

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