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Le 28 juin 1914 : quand tout a commencé

Vous n'avez pas pu assister à la conférence du 18 septembre 2014 à l'Auditorium.

Retrouvez ici la présentation d'Anne Salles, maître de conférences à l'Université Paris-Sorbonne.

 

Trois questions à Anne Salles, historienne et maître de conférences à la Sorbonne

 

En quoi l’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand a-t-il précipité l’entrée en guerre ?

Le déclenchement de la guerre ne se résume pas aux événements qui l’ont précédé. Le phénomène s’opère dès les années 1850 avec la montée des nationalismes et la mise en place d’alliances durables. Il existait déjà auparavant des conflits entre les pays européens : l’Empire austro-hongrois et la Russie se disputent le contrôle du sud-est de l’Europe. Quant aux tensions franco-allemandes, suite à la défaite française de 1871, elles ont perduré dans le temps après l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine, qui a conduit les Français à développer un sentiment de revanche, une volonté de reconquérir les territoires annexés.

L’assassinat de l’Archiduc François Ferdinand n’est finalement que « la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Le 28 juin 1914, un jeune nationaliste Serbe tue l’archiduc à Sarajevo en représailles de l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie et la création de l’Etat albanais qui privait la Serbie d’un accès à la mer Méditerranée. Suite à cet assassinat, l’Allemagne transmet à l’Autriche-Hongrie un « chèque en blanc », l’assurant de son soutien quelle que soit sa décision dans ce conflit. L’Empire austro-hongrois adresse le 23 juillet 1914 un ultimatum à la Serbie. La Grande Bretagne propose alors une conférence pour régler le conflit de manière diplomatique, mais il est trop tard : les positions sont déjà trop avancées. La Serbie accepte l’ultimatum, mais en partie seulement et l’Autriche-Hongrie lui déclare la guerre le 28 juillet. Intervient alors le jeu des alliances. Le 30 juillet, la Russie lance la mobilisation générale sur la frontière avec l’Allemagne. L’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août et à la France le 3 août. Les troupes allemandes entrant sur le territoire de la Belgique, Etat neutre, la Grande-Bretagne déclare à son tour la guerre à l’Allemagne le 4 août.

 

Quand la Triple-Entente (entre la France, le Royaume-Uni et la Russie) et la Triple-Alliance (entre Allemagne, l’Empire austro-hongrois et l’Italie) sont-elles crées ?

C’est un processus assez long. La Triple-Entente s’est faite en plusieurs temps : la France et la Grande-Bretagne règlent d’abord leur conflit lié aux Canal du Suez en 1904, avec la signature de l’Entente Cordiale. Ensuite, la Russie, qui a subi une défaite face au Japon en 1905, se rapproche de la Grande-Bretagne, alliée du Japon, afin d’obtenir son soutien dans les négociations de capitulation. La Russie et l’Angleterre concluent ainsi une convention en 1907. Pour ce qui est de la France et de la Russie, les deux pays étaient déjà alliés depuis la signature de l’Alliance franco-russe en 1892. La Triple-Alliance s’est faite en 1882 quand l’Italie a rejoint l’alliance déjà formée par l’Allemagne et l’Empire austro-hongrois depuis 1879. En 1883, la Roumanie rejoint à son tour l’Alliance.

 

C’est l’esprit de revanche ou les alliances qui font entrer la France dans le conflit à partir d’août 1914 ?

L’esprit de revanche a joué un rôle. Les Français, mais la population des autres pays aussi, ont le sentiment d’avoir été agressés. Pour eux, c’est une guerre de défense. En France, comme en Allemagne ou en Autriche, les jeunes chantaient l’hymne national dans les rues et se sont enrôlés vite. Avec « le rouleau compresseur russe », les Français partent en guerre, convaincus que le conflit sera court et victorieux.

Après un demi-siècle de paix, un conflit aussi soudain que violent bouleverserait l’été 1914, resté dans l’insouciance de la « Belle Epoque ». Le commencement de ce qui allait devenir la Grand Guerre est marqué symboliquement par l’assassinat de l’archiduc François Ferdinand. Mais les prémices de ce conflit mondial s’annonçaient déjà depuis plusieurs décennies, attisés par l’esprit de revanche des peuples et un contexte économique difficile.

 

Attentat de Sarajevo (Bosnie).

Assassinat du grand-duc François-Ferdinand de Habsbourg et de sa femme

Le lieutenant François Thomas et tous les autres

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